Les Mémoires (uniquement au masculin pluriel et avec une majuscule dans cette acception) sont des œuvres historiques et parfois littéraires, ayant pour objet le récit de sa propre vie, considérée comme révélatrice d’un moment de l’Histoire. Plus précisément, il s’agit d’un recueil de souvenirs qu’une personne rédige à propos d’événements historiques ou anecdotiques, publics ou privés. Des Mémoires ont été écrits depuis l’Antiquité, comme l’illustre l’exemple emblématique des Commentaires sur la Guerre des Gaules de Jules César. Puis, le genre s’est établi au Moyen Âge avec Geoffroi de Villehardouin, Jean de Joinville ou Philippe de Commynes, avant de se développer à la fin de la Renaissance, essentiellement en France et jusqu’à l’âge classique, avec La Rochefoucauld, Retz, Saint-Simon. Le genre des Mémoires s’est maintenu jusqu’à aujourd’hui avec de grands textes au XX siècle, mais aussi avec des témoignages de toute sorte et des récits de vie de célébrités souvent écrits avec l’aide de collaborateurs. Il en va de même pour les récits de moments hors du commun qui, sans mériter le nom de mémoires parce que la période considérée reste limitée, relèvent de l’« écriture mémorialiste » et ont parfois produit de grands textes littéraires comme ceux d’Ernst Jünger et de Roland Dorgelès (Les Croix de bois) pour la Première Guerre mondiale, ou de Primo Levi avec Si c'est un homme et Elie Wiesel avec La Nuit sur leur expérience concentrationnaire. Le genre des Mémoires est proche de l'autobiographie qui associe écriture de soi et récit de vie mais il s'en distingue étant donné qu'il met l’accent sur le contexte historique de la vie de l’auteur et sur ses actes plus que sur l’histoire de sa personnalité et sa vie intérieure. Les Mémoires relèvent donc de l’Histoire et de l’historiographie et la qualité littéraire de certains de ces textes les a fait reconnaître comme appartenant à la littérature et dans ce sens on peut parler du genre littéraire des Mémoires. Certains Mémoires sont d’ailleurs considérés comme des chefs-d’œuvre littéraires : c’est le cas des œuvres citées précédemment ou des Mémoires d'outre-tombe de Chateaubriand, qui montrent bien la difficulté de la catégorisation entre Mémoires et autobiographie. Le travail sur le style, le questionnement de la mémoire et le souci de parler de l’humanité entière à travers le récit de sa vie sont la marque des Mémoires que la littérature place à l’égal des grandes œuvres des romanciers qui ont d’ailleurs souvent été fascinés par les mémorialistes et qui se sont nourris de leurs lectures comme Stendhal, Balzac, Dumas ou Marguerite Yourcenar.
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