Le terme institutionnalisation est utilis? dans la sociologie pour d?signer le processus de formalisation, de p?rennisation et d'acceptation d'un syst?me de relations sociales. Ce syst?me de relations sociales peut prendre des formes tr?s vari?es, par exemple, il peut ?tre une organisation, un r?le social, voire une s?rie de valeurs et ou de normes. Ce mot indique un processus de fait, structurant en lui-m?me, pr?c?dent l'institution ou ? l'inverse il rend compte, comme tous les suffixes en "ation", de l'?tat d'une action. Ici celle d'avoir institu?. Dans ce cas, le mot institutionnalisation est l'?tat de fait ?tabli de l'institution ou de l'ensemble des institutions ? l'instant T, dans l'inconscient collectif, ou de son acceptation passive, au fil du temps dans la culture. Ce mot renferme un processus d?structurant quand ladite institution est ent?rin?e ou a ?t? ent?rin?e par des ann?es ou des d?cennies d'application, quand cette institution est rentr?e dans les m?urs et/ou dans l'inconscient collectif, ... jusqu'? s'?manciper puisque ?chappant ? la vigilance des acteurs initiaux ou des l?gislateurs eux-m?mes. L'institution vit sa propre vie, sa vie propre, (comme un livre ?chappe ? son auteur une fois publi? et que les lecteurs se le sont appropri?). Ce mot rec?le toute la probl?matique de l'anthropologie sociologique, institutionnelle et culturelle, autant dans ses aspects rationnels, conscients ou construits, qu'inconscients, r?flexes, paressant naturels, et non remis en cause ? priori .Il y a deux faces ? ce mot : le c?t? pile qui a un caract?re "Instituant", monnaie d'?change gagnant-gagnant et le c?t? face qui figure et porte en lui-m?me le c?t? "Institu?", statique, monnaie th?sauris?e, faisant partie du capital culturel acquis, capitalis?, portant en lui les germes de sa future d?structuration parce que non remis en cause, par habitude par mim?tisme, par paresse ou par manque de courage civique. Cela est inh?rent aux humains que nous sommes, trop tourn?s vers l'? venir (l'avenir), ne reliant pas suffisamment avec le pass? proche ou l'Histoire et oubliant de r?former des institutions qui alors vivent leur propre vie, naissent, croissent, progressent, puis stagnent(effet de palier), se d?construisent, se d?voient, se pervertissent jusqu'? menacer l'organisation institu?e. Plus qu'un processus social, politique ou normatif, l'institutionnalisation est un processus culturel anthropologique d'adaptation/contestation permanent li? aux conditions et cadres organisationnels polymorphes religieux, politiques, administratifs, ?conomiques, priv?s, publics, ...Ce mot institutionnalisation se distingue donc du mot institution par son contenu structurel inconscient ? l'?uvre avant et pendant la vie de toute organisation humaine. ? une autre ?poque, dans les ann?es 1960 notamment, les intellectuels structuralistes notamment mettaient en exergue le caract?re bureaucratique de toutes les m?ga-organisations; l'effet bureaucratique disaient-ils est un processus collectif qui trouve son origine dans nos sch?mes mentaux inconscients, portant en eux les structures hi?rarchiques de la soci?t? ou de l'organisme dans lequel on se trouve, il organise et fige ? notre insu et ? nos d?pens toute possibilit? de r?formes structurelles, cela se v?rifie autant dans les structures de pouvoirs que dans les structures de contre-pouvoirs. Cet effet bureaucratique qui r?sulte de la logique interne, propre ? toute organisation formelle, d?voie insensiblement les buts et objectifs de l'institution initi?s au d?part, au profit de la logique de fonctionnement interne ou des hi?rarchies internes, ou m?me du raisonnement interne.On peut dire que l'institutionnalisation produit des effets pervers qui conduisent ? terme, in?luctablement au contraire des buts et objectifs recherch?s et qui ?taient initi?s ? l'origine avec les meilleures intentions du monde. Quand les effets pervers freinent ou d?passent les effets positifs de l'institution, on peut dire que le processus de l'institutionnalisation est enclench? et qu'? l'extr?me il joue contre les objectifs premiers. Il participe, s'il n'est pas amend? r?guli?rement, ? la d?sagr?gation de tout tissu organisationnel et institutionnel.On pourrait exprimer l'aphorisme suivant : " Instituez ... Instituez ..., il en restera toujours quelque chose, mais vous risquez ? terme d'institutionnaliser son contraire ", car le temps passant on ne fait pas ?voluer l'institution, les institutions, dans un monde, qui, lui, continue d'?voluer. Et cette, (ces) institution(s) tourne(nt) petit ? petit et de plus en plus sur elle(s)-m?me(s), pour elle(s)-m?me(s) en se coupant du r?el sans autre objet que de perp?tuer une chim?re et/ou de se p?renniser elle(s)-m?me(s) et/ou de devenir inop?rante(s), inefficace(s), inutile(s), voire nuisible(s) si l'institution (les institutions) n'est pas revisit?e r?form?e r?guli?rement.C'est ainsi que l'institution se transforme progressivement inexorablement en institutionnalisation.
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